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LE FINANCIER RABEVEL

devant la maison. Ramon les congédia sans répondre.

Quand ils revinrent après une longue délibération, on leur annonça que le Señor Sernola n’était pas à son bureau. Ils se sentirent perdus et demeurèrent un instant hésitants et immobiles dans le vestibule sous l’œil ironique de l’huissier. Blinkine eut tout à coup une idée : « Si on demandait le Señor Ranquillos ? » — « On peut essayer », répondit Mulot sans grand espoir. Le Señor Ranquillos leur fit répondre qu’il ne pouvait les recevoir pour le moment et serait absent également le lendemain et le surlendemain ; il les recevrait le 14 avril à 9 heures du matin si ce rendez-vous pouvait leur convenir. Le 14 Avril ! Ils s’en allèrent penauds. Il fallait avoir versé les trois cent mille francs au Trésorier du Puy-de-Dôme à cette date ; il fallait avoir traité avec les Chantiers de l’Atlantique. Et puis, pendant ce temps, les dix voiliers restaient à ne rien faire, Sernola ayant déclaré dès le premier jour que, s’il achetait, il fallait que les bateaux fussent en état de prendre la mer le lendemain du paiement, c’est-à-dire demeurâssent armés : équipages à payer, frais de toutes sortes, immobilisation inféconde et coûteuse. Ils ressassèrent leurs craintes, leurs tracas, leur embarras : les titres qui étaient maintenant tombés à 180 frs, les déposants qui retiraient les fonds de la banque (heureusement qu’ils avaient pu se dégager à temps d’une position importante en Bourse et qu’ils avaient les espèces liquides ; mais, seulement des dépôts à vue, ils ne pouvaient songer à rien en distraire !) Eux-