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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome II (1923, NRF).djvu/23

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LE FINANCIER RABEVEL

à tous les braves gens avec une vertueuse indignation ; les actions sont tombées à 180 frs ; à l’assemblée générale suivante vos deux patrons en présentaient à eux deux plus de deux cents (exactement 206) leur appartenant en propre, 150 mandatées par leurs clients et 170 appartenant à une dame Boynet venue on ne sait d’où ; ils avaient la majorité. Ils ont fait ce qu’ils ont voulu et, depuis, ils ont circonvenu mon oncle qui, bien qu’administrateur délégué, s’occupe à peu près uniquement de signer ce que je lui présente et de faire la noce. Je dois dire que, de 1880 à 1884, ce fut l’âge d’or ; les affaires n’ont cessé de prospérer et les actions de monter ; à présent c’est stationnaire : il y a beaucoup de chenilles sur la salade ; les vaches maigres arrivent. Enfin n’empêche que si vos amis liquidaient maintenant leur situation, ils auraient gagné leur million sur cette petite affaire en déboursant 50.000 francs, et cela en sept ans : ce sont des malins.

— Combien votre oncle a-t-il d’actions ?

— Deux cents.

— Et vous ?

— Vous voulez dire ma mère : 150. Naturellement nous avons des parts de fondateur qui participent aux bénéfices à leur rang et qui ont une grosse valeur. La ruse de Blinkine a été en somme de leurrer mon oncle en créant des parts de fondateur qui, en cas de liquidation avaient priorité à la répartition, dans des conditions très favorables ; il a fait miroiter la chose aux yeux de l’oncle qui n’a vu que