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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome II (1923, NRF).djvu/26

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LE MAL DES ARDENTS

nous nous donnons le luxe de venir prendre le café au Caneton Fin.

— Et vous avez raison, mes petits oiseaux, vous êtes chez vous ici.

— Dites donc, vous, je vois que ça va mal finir, dit la brune en riant très fort.

— Embrassez-moi donc pour faire amende honorable d’une telle méchanceté, Alyssia, dit Mazelier.

— Rien que ça. Et devant tout le monde encore ! Tout à l’heure si vous êtes sage ». Elle se pencha à l’oreille du jeune homme et lui dit quelques mots. Il répondit de même et ils ne s’occupèrent plus de Bernard que la blonde regardait d’un air mutin et agréablement provocant : « Je ne vous plais pas ? » finit-elle par demander. Bernard sembla sortir d’un rêve ; effectivement, il poursuivait ses calculs : « il doit y avoir quelque chose à gratter dans ce mic-mac Bordes, » pensait-il, « mais comment ? » La voix de la jeune Mylitta le rappela au réel : « J’étais en extase devant vous », lui dit-il. Elle répondit : « Flatteur ! » et le jugea distingué. Ils ne tardèrent pas à entreprendre une conversation galante si bien qu’au bout d’un moment tous les quatre jugèrent que le lieu était trop austère pour continuer leur entretien. Ils raccompagnèrent les jeunes femmes qui habitaient porte à porte. Mazelier et sa compagne lui firent des adieux touchants d’ivrognes : « Je vous retrouverai demain à onze heures au bureau, n’est-ce pas ? » dit Mazelier dans un retour de lucidité. « Entendu », répondit Bernard.