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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome II (1923, NRF).djvu/49

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LE FINANCIER RABEVEL

Bernard allumait des flambées dansantes de sarments. La lueur crépitante illuminait leurs baisers. Ah ! le prodige qu’ils vivaient !

Or, un jour qu’ils revenaient d’une longue promenade dans les combes, Angèle se plaignit soudain de vertiges. Il la fit asseoir sur une roche lisse et à genoux auprès d’elle soutenait son buste, pris d’une inquiétude folle, tandis qu’elle laissait aller sa tête sur son épaule. Il lui demanda : « Qu’as-tu ? où te sens-tu mal ? » Elle avait fermé les yeux ; le visage était livide ; il se rappela certaines pâleurs, des marbrures fugitives qu’il avait déjà remarquées la veille et l’avant veille et il eut peur, se demandant quelle maladie elle couvait. Au bout d’un moment cependant Angèle rouvrit les yeux : « Cela m’a passé » dit-elle, voulant sourire. Elle s’appuya sur lui et ils regagnèrent le village. Comme ils y pénétraient, de nouveau elle parut défaillir ; mais elle se remit tout de suite.

— Veux-tu que nous nous reposions encore ? demanda Bernard.

— Non, je sens que je pourrai aller jusqu’à la maison. Il le faut d’ailleurs. Allons vite. J’ai hâte de me coucher.

Ses dents claquaient. Il la prit dans ses bras, elle se laissa porter poussant de temps à autre un faible gémissement. Le souci le rongeait. Il la voyait malade, couchée pour une quinzaine de jours, peut-être plus, peut-être pis. Comme ils arrivaient au milieu du village, il remarqua pour la première fois, de loin, des panonceaux sur une