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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome II (1923, NRF).djvu/72

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LE MAL DES ARDENTS

ment avec lui, tu te laissais posséder ! Quel vice inavouable as-tu donc, quel besoin de te donner et de salir mes souvenirs…

Il s’exaspérait, il tremblait de tous ses membres.

— Ah ! misérable, finit-il par dire, écœurante saleté… et j’ai pu t’embrasser tout à l’heure ! Je vois cette ignoble image de tes transports dans les bras de cet homme écumant, et toi, frissonnante et toute radieuse, goûtant l’odeur de la trahison… Ah ! quelle abominable horreur, quelle horreur !……

Elle était à genoux près de lui ; elle lui prenait les mains.

— Bernard, Bernard, mais je t’en supplie, tu sais bien que ce n’est pas ainsi, tu sais bien, tu sais bien.

Elle se lamentait, elle se tordait les bras :

— Il ne me croit pas. Dieu, que je suis malheureuse ! Mais, Bernard, tu comprends bien que je ne pouvais pas le laisser, il était mon mari. C’est vrai, j’ai oublié mon devoir quand je suis devenue tienne, mais ne fallait-il pas le remplir le jour où il s’est rappelé à moi ? C’était plus fort que ma volonté. J’ai pleuré plus que tu ne sauras jamais pleurer, en te quittant, mais il fallait, vois-tu, je ne pouvais me refuser à lui à qui j’étais unie. Ah, si je lui ai appartenu, je te jure, hélas ! que mon cœur restait à toi. Mais à présent, je suis libre, tienne, mon amour, si tu veux de moi qui t’adore…

Cette femme en larmes à ses pieds…

— Laisse-moi. Angèle. Ton image s’accompagne toujours