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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome II (1923, NRF).djvu/77

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LE FINANCIER RABEVEL

— Abraham, il y a quelque chose de bizarre dans ton accueil. Je ne sais rien. Je me suis senti très malheureux, tu sauras pourquoi tout à l’heure et, d’instinct, après avoir rôdé toute la journée dans Paris, je suis venu vers toi.

— Mon pauvre Bernard ! s’écria Abraham ; et il l’embrassa en sanglotant. Malheureux, tu l’es plus encore que tu ne crois. Sois fort…

Bernard sentit sa tête chavirer. Et un nom tout seul, des profondeurs de l’inconnu, crevant tous les mystères, jaillit de lui subitement. L’angoisse de ces vingt-quatre heures, sans épithète et sans visage, se déchira tout d’un coup lui montrant un flanc sanglant. Il devina sa faute et cria qu’il se faisait horreur…

— Et, sans doute, Angèle chez toi, Abraham, pleure et souffre en me maudissant ?

Abraham hocha la tête.

— Ah ! dit Bernard, je sais maintenant ce qu’est le devoir et que j’ai fait le mal… Peut-être est-elle malade, Angèle ?

La gorge contractée, il attendait la réponse. La porte de la chambre s’ouvrit et un homme parut, vers qui il se jeta d’un élan irraisonné.

— Elle est perdue, dit cet homme. Hémorragie interne. Il suffit d’un petit caillot dans une artère. Ah ! la main n’a pas tremblé.

Bernard s’était retrouvé subitement près d’un lit, à