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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome II (1923, NRF).djvu/87

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LE FINANCIER RABEVEL

Et Orsat ainsi engagé serait lié par son propre bienfait, attaché à la fortune de Bernard. Blinkine ne pourrait le conquérir. De plus Orsat avait de l’argent à lui, pourrait l’aider peut-être dans l’affaire Bordes. Seulement quel intérêt Orsat avait-il à faire tout cela ? — « Il ne le fera pas évidemment pour mes beaux yeux », ricana Bernard. Mais pour ceux de sa fille ? Peut-être. Sans doute. Déjà le jeune homme s’en sentait sûr. Seulement il aimait Angèle… Triste débat… Il se dirigea vers la demeure des Orsat.

On l’introduisit dans un petit salon orné de peintures impressionnistes qui lui firent horreur. Drôle de goût, tout de même. Sur une petite table des revues inconnues de lui, la Conque, le Centaure,… Il ouvrit l’une au hasard, lut un poème qui le laissa perplexe. On entendait à côté courir sur un piano une pluie légère « de notes musicales, une mélodie ravissante et toute défaite qui s’arrêta tout à coup. La voix de Reine à peine assourdie par la cloison répondant au valet de chambre : « Vous savez bien que Monsieur est sorti avec Madame. Vous n’avez qu’à poser la carte à ce visiteur sur le plateau du vestibule ». Et la mélodie reprit.

Le domestique revint. « Voulez-vous demander, dit Bernard, à quelle heure Monsieur sera de retour. Vous direz que c’est son ami, Monsieur Rabevel, qui voudrait le voir aujourd’hui… » Un instant après, la jeune fille le rejoignait toute rougissante.