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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome I (1923, NRF).djvu/152

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LE MAL DES ARDENTS

bien pincé. C’est la fatalité ! Lui si peu sentimental ! ou du moins d’une nature si particulière, je le voyais en Pascal juif… Enfin, il est vrai que Pascal eût pu être amoureux et y mettre ce feu désespéré.

— Ah ! vraiment, dit-il à Claudie, si vous le trompiez cela lui ferait tant de peine ?

— Dame il tient à ses trésors, ce petit !… Excusez-moi : je rentrais quand vous êtes arrivé, je vais me changer pour être à mon aise. » Elle passa dans la chambre voisine. « Je laisse la porte ouverte, pour qu’on puisse causer tout de même » dit-elle. Et, poursuivant sa pensée : « Alors, quoi, vous croyez que je ne suis pas digne de retenir un homme comme lui ? » Il protesta ; elle s’était dévêtue, il l’apercevait toute nue dans une glace complice ; elle se baissa et les chaleurs du désir firent battre les tempes de Bernard. Paisible, ne se sachant pas observée, elle prenait son temps, cherchant des épingles sur le tapis. Elle dit malicieusement : « Bien sûr je sais bien que les curés ne savent pas apprécier ; peut-être aussi ils ne peuvent pas ! » — « C’est pour moi que vous dites ça ? » interrogea Bernard sur un ton altéré. La réponse se faisait attendre, Claudie insouciante cherchant toujours ses épingles. Le vrai Rabevel s’éveilla. Quoi, il serait le paria, le « curé », puis le simple petit employé larbin, il serait bafoué par des Blinkine et leurs maîtresses ? pour Blinkine les honneurs, la richesse, le loisir et de belles filles dont il tirait orgueil ! Sales gens ! Il reprit : « Et moi Je suis sûr que je saurais mieux apprécier que votre ami,