Aller au contenu

Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome I (1923, NRF).djvu/153

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
151
LA JEUNESSE DE RABEVEL

tout curé que je sois ! » — « Ah ! là, là… » répondit-elle. Mais avant qu’elle fût remise de sa stupeur, il était auprès d’elle et l’avait empoignée d’un air tragique qui fit son admiration. Elle ne se défendit pas.

Quand Abraham rentra, elle avait une expression de modestie et de retenue qui eussent dû suffire à la trahir s’il avait pu penser qu’on le trompait. Mais tout de suite Bernard lui exposa l’objet de sa visite :

— J’ai bien réfléchi, lui dit-il, depuis l’autre jour et j’ai fini par me rendre compte que je ne suis pas fait pour rentrer dans les ordres. Je dois donc me préoccuper de n’être pas à charge aux miens et de trouver une situation où je sois payé le plus tôt possible. Pourrais-je voir ton père a ce sujet ?

— Mais certainement. Allons-y maintenant, si tu veux, répondit Abraham sur un ton extrêmement affectueux.

— À la bonne heure, tu es un chic type, toi ! déclara Bernard touché.

— Oh ! tu sais, répondit l’autre gravement, l’amitié est pour moi une chose sacrée… Il se leva « je me donne un coup de brosse et je te suis. »

Il passa dans la chambre ; et aussitôt Bernard embrassa Claudie et lui glissa à voix basse : « On se reverra ? » « Bien sûr » répondit-elle.

Le banquier les reçut avec son aménité coutumière. Dès qu’il eut compris ce dont il s’agissait :

— Bon dit-il, nous allons arranger ça. Je vois ce qu’il