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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome I (1923, NRF).djvu/166

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LE MAL DES ARDENTS

mais une confiance absolue en soi lui représentait son dessein comme accompli.

Il arriva le matin à Clermont-Ferrand tout rasséréné. « François doit prendre la mer en ce moment », se dit-il tout joyeux. Puis il ne songea plus qu’à ses affaires.

Elles étaient fort embrouillées. Il le comprit dès son premier rendez-vous avec l’agent local de la Société Blinkine et Mulot. L’homme lui déplut tout de suite ; il était avocat, offrait au regard une figure ridée de pomme rainette barrée d’une énorme moustache et animée de deux yeux gris fort vifs. Il était vêtu avec une sorte de recherche auvergnate, d’une requimpette sans âge, d’un gilet à deux boutons, d’un pantalon à pont ; une lavallière lui donnait l’air intellectuel et artiste qu’il jugeait conformes à ses ambitions. Il tenait entre le pouce et l’index une cigarette perpétuellement éteinte qu’il passait son temps à refaire et à rallumer.

— « Je suis Maître Fougnasse, dit-il à Rabevel, vous m’annoncez sans doute l’arrivée de l’envoyé spécial de ces messieurs.

— C’est moi, dit Bernard.

— Oh ! Oh ! mes compliments, fit l’avocat avec une condescendance imperceptiblement railleuse. Vos patrons n’ont point de préjugés contre l’inexpérience et la jeunesse. Je…

La voix de Bernard sèche et froide, le coupa brutalement.