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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome I (1923, NRF).djvu/170

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LE MAL DES ARDENTS

— Vous me ferez voir ça dans le train, répondit imperturbablement Rabevel.

— C’est que… j’aime mieux vous dire — je n’ai rien acheté, je n’ai rien trouvé qui me plût, balbutia l’autre tout affolé.

— Ah ! vous n’êtes pas malin, dit Rabevel. Vous pensez bien que je n’ai jamais eu la prétention de vous faire ouvrir votre sac. J’ai voulu vous faire avouer que vous m’aviez donné un prétexte ; en réalité, je comprends fort bien, allez : vous êtes allé faire vos adieux à une bonne amie.

— C’est vrai, je l’avoue, se hâta de dire l’avocat dont le front s’éclaira.

— Une bonne amie ou quelqu’un d’autre, naturellement, conclut Rabevel avec flegme.

L’avocat fut abasourdi ; il considéra son compagnon et comprit qu’il ne pèserait pas lourd entre ses mains.

Le train les déposa à Issoire où ils devaient passer la nuit ; comme ils prenaient le café, un homme entra qui vint tout droit à Maître Fougnasse.

— Eh bien ! lui demanda-t-il quand c’est-il qu’on les liquide, ces Parisiens ?

L’avocat eut un clin d’œil à peine perceptible qui n’échappa pas à Bernard et mit tout de suite son interlocuteur en garde.

— Ma foi, fit-il, essayez toujours, nous vous attendons.

Il se tourna vers Rabevel.