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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome I (1923, NRF).djvu/171

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LA JEUNESSE DE RABEVEL

— Monsieur Bartuel, dit-il, notre ennemi le plus acharné et le plus sympathique. Il est l’œil du syndicat.

— Enchanté de vous connaître, répondit Rabevel.

— Moi aussi, fit l’autre.

— Oh ! moi, répliqua Bernard d’un ton tranquille, vous ne me connaissez pas encore.

Et comme l’autre se taisait, interloqué :

— Je vois, ajouta-t-il, que vous entretenez d’excellentes relations avec notre représentant. Il faut que cela continue. Excusez-moi, j’ai passé une nuit blanche dans le train, je vais me coucher, je vous laisse.

Mais Me Fougnasse assez inquiet, monta en même temps que lui.

Le lendemain, au petit jour, ils prirent la diligence et arrivèrent à Cantaoussel sans incident. La désolation de l’endroit frappa Bernard ; c’était un plateau noir balayé sans cesse par la bise ; des pays mornes bornaient son horizon ; pas un arbre dans ces solitudes ; les ouvriers vivaient, sales et noirs, dans des baraquements de planches ; Bernard voulut tout voir.

— Rien de bon, dit-il ; toute cette exploitation est mal menée.

Il termina sa visite par les logements ; il vit celui qui lui était réservé, celui de Me Fougnasse :

— C’est gentil chez vous, dit-il, c’est frais, pas usé ; vous ne devez pas y être souvent.

L’avocat rougit.