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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome I (1923, NRF).djvu/174

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LE MAL DES ARDENTS

— Bien. Alors, à tout à l’heure. Envoyez-moi le contremaître.

Un instant après, le contremaître se présentait. C’était une sorte de gorille géant, avec des yeux de grenouille, où vivait une flamme malicieuse, dans un vissage faussement hébété.

— Retirez votre chapeau, Pépériot, dit Bernard. Vous pouvez vous asseoir. À l’avenir vous laisserez vos sabots à la porte. Vous savez que l’exploitation ne va pas. Il y a certainement de votre faute ; l’ouvrier n’a pas de rendement, il est mal commandé sans doute et pas content. Allez ; racontez votre petite affaire.

Pépériot comprit au ton que « ça allait barder » ; il pensa qu’il n’y avait pas à finasser et qu’il valait mieux « déballer ».

C’est pas ma faute, dit-il, il y a assez longtemps que je suis sur le trimard et je connais le boulot. Et, les hommes, ça me fait pas peur. Mais, vrai, on peut pas leur demander ce qu’on peut pas. Dix fois par jour on change de chantier. Sitôt qu’un croquant vient gueuler c’est des discussions et des transformations. On dirait que le Fougnasse il fait exprès. Vous pouvez me foutre à la porte ; je tiens pas à ce genre de boulot. C’est comme pour faire turbiner les compagnons, regardez ce qu’ils bouffent à cette cantine et comment ils sont couchés : et ils doivent faire deux fois leurs deux kilomètres pour aller casser la croûte.

— Comment ça ?