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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome I (1923, NRF).djvu/173

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LA JEUNESSE DE RABEVEL

Le pauvre homme était anéanti. Les pleurs lui montaient aux yeux.

— Ah ! monsieur, dit-il, je comprends que l’exploitation ne vous plaise pas ; on a pourtant fait de beaux bénéfices à un moment, mais que voulez-vous ? je ne suis pas le maître, sans quoi on en ferait encore, vous me comprenez bien ?

— Pas du tout, dit Bernard qui mentait.

— Eh ! oui, monsieur. Je sais bien conduire un chantier. Mais voilà : Me Fougnasse ne veut pas de chômage, et d’une ; nous avons de grosses commandes à satisfaire, et de deux ; et Me Fougnasse m’impose de ne pas travailler sur tel ou tel front de taille à cause des conventions périmées ou des difficultés avec les paysans. Je vais tout vous montrer : je vais vous faire toucher du doigt les exigences que je dois satisfaire, Monsieur ; vous me direz alors comment il faut que je fasse et si ça peut être mieux organisé.

— Bien ; c’est tout ce que je voulais savoir. Allez à votre bureau ; je vous donne une heure pour me rapporter un plan d’exploitation complet et rationnel ; vous n’avez à tenir compte d’aucune sujétion, vous entendez, d’aucune sujétion étrangère aux conditions techniques de votre travail. Votre plan devra prévoir une échelle de production à quatre gradins : cinquante, cent, deux cents et trois cents tonnes journalières. S’il me convient, je vous garde : Une heure vous suffit-elle ?

— Oui, monsieur, répondit Pagès tremblant d’espoir et de crainte.