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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome I (1923, NRF).djvu/22

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LE MAL DES ARDENTS

demandait pas tout-à-fait ; un obscur instinct triple de force, de ruse et de possession commandait l’observation. Les yeux grand ouverts, toute l’attention de son jeune esprit appliquée à comprendre, il écoutait la voix de ce vieil homme dont on lui avait dit qu’il lui donnerait ce qui était l’essentiel de la vie.

— Mes enfants, poursuivait le maître d’une voix infiniment douce tant s’y reflétait la sérénité du cœur, maintenant je vous connais tous. Vous voici autour de moi pour apprendre, c’est-à-dire pour devenir des hommes bons et forts. Quelques-uns d’entre vous sont nés dans des pays étrangers mais ils sont en France et seront Français, citoyens du premier des pays libres ; ils y vivront utiles, respectés, aimés de tous. Vous êtes des petits enfants du peuple mais vous savez que vous pouvez espérer en la République. Vous pouvez devenir ce qu’il vous plaira de devenir. Enfants du peuple, vous pourrez commander un régiment, conduire un cuirassé, devenir banquiers, notaires, armateurs, députés, ministres. La République aime pareillement tous ses fils, juifs ou chrétiens, nobles ou roturiers, pauvres ou riches. Il s’agit pour vous d’être persévérants et laborieux. Et chacun, suivant son intelligence, arrivera, sans que rien au monde puisse l’arrêter, à la place digne de lui. Ainsi, mes petits enfants, travaillez, travaillez de tout votre cœur, non pas seulement pour contenter vos parents et votre maître qui déjà vous aime tous, mais pour assurer votre avenir.