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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome I (1923, NRF).djvu/220

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LE MAL DES ARDENTS

nom de François Régis puis, au seuil de la maison d’Abraham Blinkine, il descendit.

Son ami était en train de déjeuner avec « l’auxiliaire ».

— Te voilà donc ! s’écria-t-il sur un ton de surprise joyeuse. Tu viens déjeuner à la fortune du pot ?

— Non. Je n’en ai guère envie. Je viens te demander un service.

— Il y a quelque chose de cassé ?

— Presque…

— Enfin quoi ? Puis-je tout de même déjeuner ? Allons, assieds-toi, on va ajouter un couvert, nous bavarderons un peu ; ça va se remettre et à tout à l’heure les choses sérieuses.

Midi sonnait. Bernard songea qu’il avait le temps.

— Je me laisse faire, dit-il, détendu.

Il s’aperçut avec étonnement qu’il avait grand appétit. Seule la tension nerveuse le soutenait depuis quelques jours.

— Eh ! mais, tu dévores, s’écria Abraham comiquement. Maria ! Maria ! ajoutez une omelette de six œufs au jambon !

— Tu me vexes, repartit Bernard en riant.

— Petite vengeance ! car il paraît que tu as joué un fameux tour au sieur Roboam Blinkine, mon père, hein ?

— Ah ! tu es au courant ?

— Vaguement. On dit que tu es tout ce qu’il y a de malin. La paire Blinkine-Mulot est partagée entre la rancune, l’admiration et le courroux. Je te conseille tout de