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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome I (1923, NRF).djvu/39

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LA JEUNESSE DE RABEVEL

nage, valu cent millions au Rothschild de Londres. Quelle est la puissance d’un maréchal de France auprès d’eux ?

— Et ces gens-là, mes amis, ces gens-là menaient Pitt comme ils ont mené plus tard le Philippard et Badinguet. Au fond, ces gens-là étaient supérieurs à leurs soi-disant supérieurs. Sous les tyrans, bien entendu. Vous comprenez bien que la ploutocratie ne pourra rien dans la République. Ils le savent bien, allez ; ils manœuvrent pour étouffer la jeune Marianne. Mais le lion populaire sera le plus fort ; il a toujours su rugir quand il le fallait. Pas vrai, père Jérôme ?

— Pour sûr, acquiesçait Jérôme. Mais véritablement on n’a jamais pu rien faire contre tous ces pirates. Les accapareurs, les maltotiers, tous ces gens de gabelle qui font monter les tailles et les patentes parce qu’ils ramassent le quibus, où voulez-vous les piger ? Avec leurs papiers, leurs Sociétés anonymes, le peuple révolté ne trouve que le vide.

— La République seule, désintéressée et soutenue par la voix publique, la République seule, qui est pure parce qu’elle ne peut être vénale, n’étant pas un individu mais une communauté, un gouvernement issu du peuple honnête et probe, pourra étouffer l’hydre…

Et comme Bernard l’interrogeait, le père Lazare lui décrivit comme dans une image d’Épinal l’hydre de la Finance gorgée d’or et de richesses, puissante et corruptrice, en lutte avec la jeune Marianne.