Page:Lucile de Chateaubriand, ses contes, ses poèmes, ses lettres.djvu/44

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C’est le nouveau qui s’organisait sous le consulat de Bonaparte. Les salons se rouvraient dans la capitale rassérénée. Mmes de Staël, Suard, Récamier, Joseph Bonaparte, retenaient chacune dans son cercle un groupe de philosophes et de gens de lettres. Chateaubriand, revenu en France en 1800, vit s’ouvrir à lui un salon discret et doucement animé par une société délicate. MM. Joubert, Fontanes, Bonald, Mole, Pasquier, s’y groupaient autour de Mme de Beaumont.

Pauline de Beaumont était la fille d’un ministre de Louis XVI, le comte de Montmorin, guillotiné pendant la Terreur. Échappée à l’échafaud qui avait pris presque toute sa famille, elle semblait se survivre à elle-même et coulait dans la société nouvelle comme une ombre voilée. Ses beaux yeux, d’un éclat cuisant, brillaient sur son visage pâle et consumé. Son charme, profondément ressenti par les habituées de son cercle, était vif, mais sans douceur. Elle avait la rigidité des âmes frappées