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Page:Lucile de Chateaubriand, ses contes, ses poèmes, ses lettres.djvu/45

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de trop de coups et martelées par le malheur. Les grands deuils se portent avec une sorte de raideur. Mme de Beaumont ne se livrait, ne s’abandonnait plus. D’ailleurs, atteinte de consomption, il ne lui restait plus que le souffle qu’elle allait bientôt perdre.

Ce fut dans sa maison de Savigny, à l’automne de 1802, que Mme de Beaumont reçut Lucile pour la première fois. Cette maison, située à l’entrée du village, adossée à un coteau de vignes et regardant les bois, donnait alors l’hospitalité à la famille Joubert, à Mme de Chateaubriand et à René, qui y terminait le Génie du Christianisme. Mme de Caud y fut accueillie avec un mélange d’admiration et de pitié. Elle se sentit, de son côté, prise de sympathie pour son hôtesse.

Ces deux femmes se lièrent vite d’une étroite amitié. Ce fut, de la part de Lucile, de brusques chaleurs, des élans impétueux. Sa tête se prenait. L’amitié grondait en elle comme l’amour. L’orage était dans tous ses sentiments. Tout lui était trouble et passion.