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Page:Lucile de Chateaubriand, ses contes, ses poèmes, ses lettres.djvu/63

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ce frère qu’elle aima tant. Mais si l’on veut qu’avant de s’éteindre son âme se soit reconnue dans toute sa plénitude, il faut chercher le secret de ces réflexions suprêmes dans cette piété un peu hautaine, dans cette mélancolie qu’elle préférait à toutes les joies, dans cet amour des passions escarpées et des orages de l’âme, et surtout dans ce fier sentiment de l’honneur qui la garda pure, bien qu’agitée, et qui fit d’elle une vraie Chateaubriand.

Son vieux domestique suivit seul son cercueil. Elle eut le convoi des pauvres, et les restes de cette créature d’élite, portés dans le maigre corbillard que le peuple, qui le connaît, nomme la roulette, furent jetés sans marque dans la fosse commune. Son frère les y laissa. Il s’entendait pourtant à l’arrangement des tombeaux. En Italie il rêva pour lui-même un sarcophage de marbre antique, lit funéraire digne du père d’Eudore et de Cymodocée. Il y renonça et s’arrêta à l’idée d’un cercueil creusé dans le