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Page:Lucile de Chateaubriand, ses contes, ses poèmes, ses lettres.djvu/64

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granit et balayé par l’écume de l’Océan. Il voulait qu’après être rentré dans le silence, les bruits sans nombre de la mer rappelassent cette voix qui avait parlé si haut dans le siècle. Et cet artiste, qui maniait avec un haut goût les décors de l’amour et de la mort, ne tenta rien pour tirer de la fosse sans nom celle qu’il tenait pour le plus beau génie de femme qui eût jamais existé. Faut-il expliquer ce consentement au hasard par des influences domestiques ou par l’indifférence d’un homme occupé ? J’aime mieux y voir l’effet de cette pensée : Qu’importe où se consume l’argile magnifique et pure qui fut Lucile, et qu’est-ce après tout que la fosse commune, sinon le lit des préférées de Jésus-Christ ? D’ailleurs l’écrivain gentilhomme s’est expliqué sur ce point avec ce grand ton qui lui était familier. Prenons ses raisons sans les dépouiller de leur pompe et de leur apprêt.

Il promit que Lucile ne sortirait de son cœur que quand il aurait cessé de vivre. C’est là,