Aller au contenu

Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/344

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Vous n’avez pas assez d’or ni d’argent pour les acheter, princesse, car je ne les donnerai ni pour de l’or ni pour de l’argent.

— Contre quoi les échangerez-vous donc ?

— Contre votre première nuit de noce à passer avec votre mari.

— Osez-vous bien parler ainsi ? Demandez tout ce que vous voudrez, autre que cela, et je vous l’accorderai.

— Je ne les donnerai pour rien autre chose au monde.

— Eh bien ! portez le tout au château, dans ma chambre, et puis nous verrons après.

La princesse revint vers son fiancé, qui l’attendait, et le cortège se remit en marche. La cérémonie religieuse terminée, il y eut au château un grand festin, qui dura jusqu’à la nuit. La princesse versa un soporifique dans la coupe de son mari, à son insu, et, en se levant de table, il fut pris d’un tel besoin de dormir, qu’il lui fallut aller se coucher. Les jeux et les danses n’en continuèrent pas moins. A minuit, on introduisit l’étrangère dans sa chambre, et elle se coucha à ses côtés. Mais, hélas ! il dormait d’un sommeil si profond, qu’on l’aurait dit mort, n’était sa respiration. La pauvre femme eut beau l’embrasser, l’appeler par les noms les plus tendres, rien n’y faisait ; il dormait toujours. Elle se mit alors à