La veille des noces, le soir, en revenant de chez sa fiancée, comme Alan Kerglaz, un peu allumé par le cidre du beau-père et accompagné de son père, passait sur la lande où étaient dressées les fourches patibulaires, il aperçut le cadavre de Fanch Kertanhouarn qui s’y balançait au vent.
— Ah ! pauvre Fanch ! s’écria-t-il, quelle triste figure tu fais là, à présent, toi qui étais un si beau danseur et qui aurais sans doute épousé la belle Yvonne, s’il ne t’était arrivé malheur ! Eh bien ! quoique tu fusses mon rival, j’ai vraiment pitié de toi, à te voir ainsi la pâture des corbeaux et des hiboux…
— Tais-toi, tais-toi, malheureux ! lui dit son père, — et passons vite.
— Non, non, je veux auparavant l’inviter à ma noce.
— Ne fais pas cela, mon fils, au nom de Dieu ! On ne plaisante pas ainsi avec les choses saintes, car la mort est sainte.
— Laissez-moi donc ! Je veux l’inviter, vous dis-je.
Et s’avançant jusqu’à la potence, il prit le pendu par le gros orteil d’un de ses pieds, le secoua et dit :
— Eh ! camarade, entends-tu ? C’est moi qui vais épouser la belle Yvonne Kerduff : les fian-