Aller au contenu

Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/164

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’elle s’ennuyait et se plaignait de ne pas trouver de joueur sérieux, sa femme de chambre vint lui annoncer qu’un seigneur inconnu, jeune et richement vêtu, demandait à lui parler. Elle s’empressa de le faire entrer, espérant que le ciel lui envoyait quelque joueur digne d’elle. Et en effet, dès les premiers mots, elle parla de jeu à son visiteur inconnu et lui proposa une partie de cartes. Il accepta, tout en disant qu’il était peu habile au jeu et qu’il jouait rarement. Il tira de sa poche de l’or jaune et luisant, tout neuf, et le rangea par piles de cent écus devant lui.

La vieille dame avait une chance qui l’étonnait, et l’inconnu, impassible et bon joueur, était sans cesse obligé de recourir à sa poche, d’où il sortait de nouvelles piles d’or, comme d’une mine inépuisable.

C’était vraiment merveilleux ce que cette poche pouvait contenir d’or. Mais la vieille dame, tout à son jeu et enivrée par sa chance extraordinaire, n’y faisait pas attention. Dans le transport de sa joie, elle laissa tomber une carte par terre et appela sa femme de chambre pour la ramasser. La femme de chambre prit une lumière et chercha la carte. Elle remarqua que le joueur inconnu avait les pieds fourchus, et reconnut à ce signe que c’était le diable. En personne prudente et avisée, elle ne poussa aucun cri, remit tranquillement la