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Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/165

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carte à sa maîtresse et sortit aussitôt. Elle courut au presbytère conter le cas au recteur, ar vikèl sant qui jouissait dans tout le pays d’une grande réputation de sainteté et de conjurateur. Il était plus de minuit, et pourtant le saint homme veillait encore, car il savait peut-être, grâce à quelque avertissement du ciel, qu’on devait avoir recours à lui, cette nuit, pour quelque cas grave. Il était en oraison, quand il entendit frapper à sa porte. Il alla ouvrir lui-même, et la servante de la vieille dame lui fit connaître l’objet de sa visite.

— Je savais que vous deviez venir, et je vous attendais, lui dit-il tranquillement.

Puis il consulta de gros livres anciens, qu’il avait sur son bureau, prit son étole, une burette remplie d’eau bénite et dit :

— Allons, à la grâce de Dieu !

La servante le conduisit chez sa maîtresse. Il pénétra tout doucement, sur la pointe du pied, jusqu’à la chambre où la vieille dame jouait toujours avec l’homme au pied fourchu. Il se précipita sur lui d’un bond, lui mit son étole sur la tête et l’aspergea d’eau bénite, en récitant une oraison. Le démon poussa un cri épouvantable et s’enfuit par la cheminée, sous la forme d’une boule de feu. Il renversa même, le pignon de la maison, qu’on n’a jamais pu relever depuis.

— Et la vieille dame, que devint-elle ? demanda