Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/206

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et bientôt il lui sembla qu’il y avait dedans, non plus un pain, mais une grosse pierre.

— Que veut dire ceci ? se disait-il en lui-même.

Et il n’osait pas ouvrir son sac, pour en retirer le pain. Quand il arriva à la côte de Berlinkenn, du sang commença à tomber goutte à goutte du sac sur ses talons, et la mouche voltigeait autour de lui et bourdonnait plus que jamais. Les gens qui passaient, en voyant le sang dégoutter de la sorte, disaient :

— Jésus ! qu’est-ce que cet homme-là a donc dans son sac ?

Quelqu’un lui dit :

— Hé ! l’homme, qu’est-ce que vous avez donc dans votre sac, pour qu’il saigne de la sorte ?

Caboco ne répondit rien et continua son chemin ; mais il se sentit pris d’une grande frayeur.

Un peu plus loin, on lui demanda encore :

— Qu’avez-vous donc dans votre sac, pour qu’il saigne de la sorte ? Vous êtes tout couvert de sang.

Il ne répondit rien encore ; mais il perdit la tête et se mit à courir à toutes jambes. On l’arrêta ; on lui enleva son sac, on l’ouvrit, et on fut bien étonné d’y trouver une tête de mort !

Le pain s’était changé en une tête de mort !

— C’est la tête de Hervé Kérandouf ! s’écria quelqu’un ; oui, c’est elle, je la reconnais bien !