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Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/208

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les invités étaient déjà assis à table, on vit arriver aussi le pendu, ce qui étonna fort tous les assistants. Il se plaça au haut de la table. Plusieurs tombèrent en défaillance à cette vue. Le pendu parla de la sorte à la société :

— Ne vous effrayez pas ; je ne serais pas venu dans votre maison, si vous ne m’en aviez invité.

Les flammes qui jaillissaient de son corps brûlaient les vêtements, les cheveux des hommes, les coiffes des femmes, et personne ne songeait à manger ou à boire.

Les invités s’en retournèrent chez eux.

Le nouveau marié, épouvanté de ce qui venait de se passer, résolut de quitter sa femme dès le lendemain matin. Il craignait d’être arrêté et puni par la justice, pour n’avoir pas dit qu’il était l’ami du pendu.

Au point du jour, il partit, à la grâce de Dieu. Il marcha longtemps, avant d’entrer en condition. Enfin, il se trouva très-bien chez un monsieur et une dame. Il devint leur intendant et leur homme d’affaires.

Pendant vingt-cinq ans, il vécut loin de sa femme, sans avoir couché avec elle qu’une seule nuit. Heureusement qu’elle se trouva enceinte. Pendant vingt-cinq ans, il se montra excellent serviteur, sans jamais faire de prix avec ses maîtres.