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Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/209

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Tout le monde était content de lui. Tous les ans, son maître le priait de fixer avec lui ses gages, et il répondait humblement et en le remerciant :

— Certes, je ne demande rien que vos bonnes grâces.

Une nuit, étant couché et dormant dans son lit, il rêva de son père, de sa mère et de sa femme.

— Hélas ! ils sont sans doute morts, pensa-t-il ; il faut que je retourne à la maison, pour voir ce qu’il en est.

Le lendemain matin, en se levant, il demanda son congé à son maître et à sa maîtresse, si telle était leur bonté. Et ceux-ci, attristés et désolés, lui dirent :

— Ami, avant de nous quitter, cuisez-nous encore une fournée de pain ; faites une miche comme vous en avez l’habitude, et envoyez-la-nous à façonner ; celle-là, nous la conserverons dans notre armoire, jusqu’à ce qu’elle commence à moisir.

Tous les ans, son maître lui tenait compte de ses gages, et, comme il était honnête homme, et pour ne pas mériter d’être blâmé de Dieu, il mit dans cette miche, en pièces d’or jaune, ce qui revenait à son serviteur pour ses vingt-cinq ans de service chez lui.

Quand le moment fut venu de se séparer, le maître demanda à son serviteur ce qu’il lui devait,