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Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/26

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qu’elle avait chanté plus que d’ordinaire et n’avait pas bien surveillé son troupeau. Son maître la renvoya et lui dit d’aller au loin, bien loin, à cent lieues de lui, pour qu’il ne la revît pas.

La pauvre enfant, ne sachant où aller, marcha au hasard, à la grâce de Dieu, en mendiant son pain de porte en porte.

L’ermite recevait souvent la visite de son bon ange, qui venait s’entretenir avec lui dans sa solitude et l’encourager à la persévérance. Mais l’ange resta alors huit jours sans venir, et le vieillard en était désolé et se demandait ce que cela pouvait signifier. Enfin, le neuvième jour, l’ange revint ; mais, au lieu d’être souriant, selon son habitude, il avait l’air sévère et paraissait mécontent. L’ermite lui demanda pour quel motif il était resté si longtemps sans lui rendre visite.

— C’est que vous avez commis une faute, répondit l’ange, et Dieu est mécontent de vous.

— Quelle faute ai-je donc pu commettre, moi qui passe tout mon temps en prière et en méditation ?

— Dans un moment d’humeur, vous avez souhaité de voir à cent lieues de vous la jeune bergère qui, tout le long du jour, chantait des cantiques à la sainte Vierge, en gardant ses moutons. Votre vœu s’accomplira, car la pauvre enfant a été renvoyée par son maître, et elle ne doit