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Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/275

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avait nourrie, et portèrent leurs cœurs, en toute hâte, à la méchante femme. Celle-ci les fit immédiatement cuire et arranger à une sauce au beurre et aux oignons, pour les servir à manger à sa belle-sœur et à son beau-frère.

Quand on fut à table, elle dit :

— Voici, chère belle-sœur, un mets comme vous n’en avez jamais mangé ; je l’ai préparé moi-même et tout exprès pour vous et votre mari ; mangez-en donc, et vous me direz ensuite ce que vous en penserez.

Jeanne mangea, sans méfiance.

— Eh bien ! comment le trouvez-vous, ma belle-sœur ? demanda la méchante.

— C’est excellent, en vérité, répondit Jeanne.

— Eh bien ! mangez-en encore, et vous aussi, cher beau-frère ; il faut que vous le mangiez tout à vous deux, puisque vous le trouvez si bon.

Et ils mangèrent de bon appétit. Puis, quand il ne resta plus rien dans le plat, la diablesse dit, en souriant d’un air féroce :

— Eh bien ! il faut que je vous dise, à présent, de quoi était fait ce mets que vous avez trouvé si délicieux : vous venez de manger les cœurs de vos deux enfants !!...

En entendant ces mots, Jeanne tomba à terre, comme morte, et son mari saisit un couteau pour le plonger dans le cœur du monstre. Mais à