Aller au contenu

Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tant il paraissait fatigué, vint s’agenouiller sur le seuil de la porte, et elle lui donna aussi, comme aux autres, et lui dit de se relever. Mais le vieillard lui répondit :

— Rien ne me soulagerait, madame, comme la vue seulement du plat que vous avez enfermé ce matin dans votre armoire.

— Je n’ai pas enfermé de nourriture dans mon armoire, répondit-elle.

— Je vous en prie, au nom de Dieu, insista le vieillard, allez à votre armoire, et faites-moi voir seulement ce que vous y avez déposé ce matin.

La dame, étonnée de l’insistance de cet homme, qu’elle ne connaissait pas, alla à son armoire, et, quand elle l’eut ouverte, elle y vit, plein de vie, son enfant qui lui présentait, en souriant, une orange. Ivre de joie et de bonheur, elle prit son fils dans ses bras et courut le montrer au vieux mendiant. Celui-ci l’embrassa, puis il mourut aussitôt.

C’était le vieil ermite. Sa pénitence était terminée ; Dieu avait pardonné, et son âme monta alors au ciel.

La mère présenta ensuite à ses convives son fils, souriant, et tenant toujours son orange à la main. Ils l’embrassèrent avec bonheur. Puis elle raconta tout ce qui était arrivé : la mort de l’enfant, sa résurrection et la visite de l’ermite.