Aller au contenu

Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/77

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

danger[1].



  1. On voyait encore, au siècle dernier dans le chœur de la cathédrale de Quimper, au fond du sanctuaire, un autel dit des Trois gouttes de sang, en souvenir du miracle dont il est ici question. Ou y conservait le crucifix qui était censé avoir répandu trois gouttes de sang, et les linges sur lesquels elles étaient tombées furent recueillis et sont encore conservés dans le trésor de l’église, avec la tête du christ qui les répandit. Pendant longtemps, on célébra, le mercredi avant les Cendres, la fête de l’effusion des trois gouttes de sang, qui est mentionnée en ces termes dans le Martyrologe romain : Feria quarta anie Cineres : Corisopiti in ecclesia cathedrali, festum trium guttarum sanguinis, quas mirabiliter effudit imago lignea crucifixi, in execrationem perjurii coram ipsamet imagine perpetrati.
    Voici, du reste, d’après le propre du diocèse de Cornouaille, la leçon qui a été suivie et mise en vers bretons par le père Maunoir :
    « Un honorable habitant de Quimper, possesseur d’une grande fortune, avait, avant d’entreprendre un voyage en Terre Sainte, remis le soin de sa famille et l’administration de ses biens à un de ses amis, en qui il avait la plus grande confiance. Lorsqu’il revint, après une absence de plusieurs années, et qu’il réclama de son ami l’argent qu’il lui avait confié, celui-ci répondit qu’il n’avait rien reçu de lui. Il appela en conséquence devant le juge d’église le dépositaire infidèle, et, comme il n’avait pas de témoins pour prouver la justice de sa réclamation, il demanda que le litige fût résolu par un serment solennel devant l’image du crucifix. Ils se rendirent donc tous deux dans la cathédrale, et au moment où le dépositaire infidèle confirmait son mensonge par un faux serment, les deux pieds de l’image du Christ, qui étaient placés l’un sur l’autre et attachés à la croix par un seul clou, se disjoignirent, et trois gouttes de sang en tombèrent miraculeusement. » (Proprium sanctorum diocesis Corisopitensis. Quimper, J. Perier, 1701, page 95.)
    Voir Monographie de la cathédrale de Quimper, par R. F. Le Men, 1877, page 12.
    On voyait anciennement dans l’église de Callac (Côtes-du-Nord) une peinture représentant le même miracle, ou un autre semblable.
    Quant à la tradition de la canne brisée et recelant des pièces d’or, on la trouve aussi dans Don Quichotte, deuxième partie, chap. xlv.
    Un vitrail moderne de la cathédrale, peint je crois par M. Hirsch, et qui se trouve dans la dernière chapelle du collatéral sud, au bas de l’église, représente le même sujet ; mais le peintre ne semble pas avoir bien connu la légende, car le bâton qui doit receler les pièces d’or ne figure pas dans son tableau.