Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/78

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
VIII


sainte touina.



Il y avait une fois un riche veuf qui s’était remarié à une veuve riche aussi. Ils avaient chacun une fille de leur premier mariage. Celle du mari, nommée Touina, était jolie, aimable, soumise et laborieuse. Celle de la dame, au contraire, nommée Margot, était laide, disgracieuse, méchante et paresseuse. Pourtant, sa mère lui trouvait toutes les qualités, n’aimait qu’elle et était très-dure pour la pauvre Touina. Le père de celle-ci allait souvent en voyage, et, dès qu’il avait quitté le château, on envoyait sa fille garder les moutons sur la lande, avec un morceau de pain d’orge, comme on en donnait aux chiens, ou une galette de sarrasin pour toute nourriture. Un matin qu’elle se rendait à la lande avec son troupeau, tout en se faisant à elle-même ses plaintes, le long de la route, elle aperçut derrière un buisson un homme bien mis et armé d’un fusil, qui l’écoutait et qui lui dit :

— Vous êtes donc bien malheureuse, mon enfant ?

— Hélas ! monseigneur, j’ai une marâtre qui