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Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/79

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ne m’aime pas et me rend la vie bien dure. Quand mon père est absent, elle m’envoie tous les jours garder les moutons sur la lande, et ne me donne pour toute nourriture qu’un morceau de pain noir, comme on en donne aux chiens ; voyez (et elle lui montra un morceau de pain d’orge, noir et tout moisi) ; et pendant ce temps-là, sa fille Margot reste avec elle dans le château, à essayer tous les jours des robes neuves, à s’amuser, et à courir, et à manger de bons fruits, dans les jardins.

— Eh bien ! mon enfant, venez avec moi, et je vous donnerai de plus belles robes et de plus belles parures que n’en a la fille de votre marâtre, et vous ne manquerez de rien de ce qui pourra vous faire plaisir.

Touina regarda l’inconnu avec étonnement et ne sut, d’abord, que lui répondre. Il était jeune et avait assez bonne mine, et elle se trouvait si malheureuse, qu’elle abandonna son troupeau et le suivit.

Il la conduisit dans un vieux château en ruine, où il y avait beaucoup de gens de mauvaise mine, qui lui firent peur d’abord. C’étaient des brigands, et il en était le chef. Voilà donc la pauvre Touina dans une caverne de brigands ! Le chef ordonna à ses gens de la respecter et de lui obéir comme à leur maîtresse, et lui-même eut pour elle toutes