Aller au contenu

Page:Mémoires artistiques de Mlle Péan de La Roche-Jagu, écrits par elle-même.pdf/13

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
– 4 –

aisance. Fille unique, j’étais adorée et gâtée par eux ; aussi mon enfance a-t-elle été on ne peut plus heureuse. Je n’avais qu’à souhaiter une chose, je l’obtenais aussitôt. J’avais des jeux de toutes espèces ; des poupées plus grandes que moi : je jouais rarement avec ces dernières ; mais j’en avais une vingtaine de petites, c’étaient celles-là qui faisaient mon bonheur. Je les transformais en acteurs et actrices, et le jeudi et le dimanche, où régulièrement on réunissait mes petits amis, ayant un joli théâtre qui était mes délices, je leur donnais des représentations nouvelles, des pièces que ma verve enfantine avait créées.

Je passais toujours les heures de ma récréation enfermée dans mon cabinet, qui était absolument un petit magasin de jouets. Celui qui me flattait le plus (après mon théâtre) était une boîte de peinture ; là, je broyais toutes sortes de couleurs, et toutes les images qui pouvaient me tomber sous la main, je m’empressais de les colorier ; je peignais aussi d’idée des fleurs ; enfin, je me sentais un goût tout à fait prononcé pour tout ce qui était art. Passionnée pour la musique dès mon plus jeune âge, j’égratignais souvent une petite guitare que j’avais, et je tapais sur toutes les tables à jeu