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Page:Mémoires artistiques de Mlle Péan de La Roche-Jagu, écrits par elle-même.pdf/158

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de me faire prêter le reste. Quels cœurs d’or ! et comme le mien en était ému. Mais à côté un cœur de bronze se cachait : ma voisine me serrant la main et la larme à l’œil, me disait : « Combien je suis malheureuse, moi, de ne pouvoir imiter ces bonnes dames ! » et je savais qu’elle avait 1, 200 francs en or, qui dormaient dans son secrétaire. J’appris encore qu’elle avait voulu influencer l’une de ces dames, afin de l’empêcher de me venir en aide.

Le dimanche matin dès sept heures, j’envoyai porter les 300 francs, promettant le lendemain de remettre les 400 francs, complément de la somme exigée. Je priai quelqu’un de rester à la porte du théâtre, afin de retenir mes musiciens, si on leur interdisait l’entrée. Je pris une voiture à l’heure, et me rendis aux Thernes, où demeurait M. de Saint-Salvi, le Directeur-Propriétaire. J’avais l’espoir qu’il me ferait ouvrir les portes. Mais encore une déception ! Je ne le trouvai point, je m’en retournai au théâtre : la place des Italiens était envahie par mes musiciens d’orchestre, mes chanteurs et mes deux cents choristes. Tous entourèrent ma voiture. Hélas ! rien, leur dis-je désespérée !… Qu’allons-nous faire ?… C’est abomi-