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Page:Mémoires artistiques de Mlle Péan de La Roche-Jagu, écrits par elle-même.pdf/159

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nable ! crièrent plusieurs voix ; il faut enfoncer les portes, c’est ainsi qu’on a égard à l’art. Déjà, ils s’étaient approchés de l’entrée des artistes et parlaient avec véhémence au concierge, qui refusait obstinément sa porte. Je descendis de voiture et remerciai du fond du cœur ces bons artistes, qui prenaient ainsi parti pour moi, mais je les arrêtai, leur disant que ce brave homme faisait son devoir, puisque c’était sa consigne. Alors M. Emile Chevé (qui m’a montré aussi tant de dévoûment), s’écria : « Qui de vous, Messieurs, malgré l’horrible chaleur qu’il fait, se sent le courage de venir à l’École de Médecine, répéter ? — Nous, nous, répondirent-ils en masse. » On mit plusieurs violons et violoncelles dans la voiture et nous arrivâmes en nage, à l’École de Médecine, où nous ne pûmes répéter que très-imparfaitement, et simplement au quatuor. Il ne pouvait donc plus y avoir le lendemain, qu’une seule répétition d’orchestre ; encore me fallait-il trouver les 400 francs. –Oh ! quelles angoisses étaient les miennes !… Mais ce n’était pas tout. En rentrant chez moi je trouvai madame A. qui m’attendait ; elle m’apprit qu’elle n’avait pu se procurer des fonds. Quel malheur ! tout l’argent que j’avais donné, serait