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Page:Mémoires artistiques de Mlle Péan de La Roche-Jagu, écrits par elle-même.pdf/72

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que je devais ressentira cet instant où mon sort allait être décidé. — J’étais allée me cacher dans un petit coin, sur l’estrade. Enfin, l’ouverture est jouée, elle est fort applaudie (c’était de bon augure). Vint ensuite un quatuor (avec romance) chanté si admirablement par Mlle de Roissy, que les applaudissements partirent de tous côtés. Je commençais un peu à me rassurer. Tout l’opéra fut accueilli avec le plus grand enthousiasme. Après le final, j’entendis des cris, je ne pouvais distinguer ce qu’on disait, et j’allais sortir de ma cachette pour en savoir la cause, lorsque vint à moi l’un des artistes qui avait chanté, me disant : Vite, Mademoiselle, on vous appelle, venez donc. Oh ! je n’oserai jamais paraître, lui répondis-je. J’étais si loin de m’attendre à un pareil succès, que mon émotion en avait encore redoublé, et je me laissai machinalement entraîner sur la scène, où je fus saluée par plusieurs salves d’applaudissements.

Que j’étais heureuse ! comme toutes les peines que j’avais éprouvées pour en arriver là, furent effacées en cet instant suprême. — Mlle de Roissy fut ensuite redemandée, et c’était bien justice, car elle avait chanté tout son rôle avec tant d’entrain