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Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/22

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pour ainsi dire, sur un sol étranger, où il n’osait se livrer aux travaux lents et paisibles de l’agriculture. Ces restrictions temporaires, qu’il déclarait indispensables, démentent assez les reproches souvent adressés à Grégoire, comme si, dominé par une impulsion purement révolutionnaire, il n’eût tenu compte d’aucune difficulté de position, et marché à l’aventure dans l’application de ses principes. Nous le verrons apporter la même prudence en émettant ses idées sur l’abolition de l’esclavage colonial.

Lorsque l’on sut, dans le monde philosophique, que ce livre de tolérance était l’œuvre d’un prêtre, il fut accueilli avec enthousiasme. On le comprendra facilement en se reportant à cette époque, en songeant aux répugnances et aux préjugés dont l’auteur dut triompher en lui-même, et au courage qu’il fallut chez un ecclésiastique obscur pour faire une manifestation publique de pareils sentimens. Un militaire en écrivit la réfutation sous le voile de l’anonyme.

Grégoire terminait son ouvrage par cette chrétienne et libérale invocation :

« Ô nations ! depuis dix-huit siècles vous foulez