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Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1830.djvu/57

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jeune fille dont le tempérament s’annonce par des désirs aussi ardens qu’inconnus, pût tomber dans un repos ou plutôt dans un anéantissement aussi parfait de toutes ses facultés.

J’avais à peine fermé les paupières que je fis un rêve si agréable et si instructif, qu’il n’est jamais sorti de ma mémoire. Il me semblait que j’étais étendue sur un riche sopha, semblable à ceux que j’avais vus chez ma marraine, que j’avais les cuisses extrêmement écartées, une jambe pendante et l’autre soutenue sur les coussins ; dans cette voluptueuse attitude, je voyais un enfant beau comme l’amour, porté dans les airs en dirigeant sa course vers moi, il paraissait par son air tendre et amoureux, et par ses regards passionnés, m’inviter de prendre part aux plaisirs qu’il voulait me procurer ; plus il approchait de moi, plus mes yeux avides de l’examiner le considéraient at-