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Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1830.djvu/58

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tentivement. Grand Dieu ! quelle fut ma surprise, en le voyant monté sur un coursier d’une espèce bien singulière ! Le jeune écuyer tenait d’une main une bride et de l’autre un fouet dont il frappait sans pitié sa monture. Mon étonnement augmenta de beaucoup quand je fus à portée de découvrir quel était ce nouveau Pégase ; je lui trouvais bien de la ressemblance avec cette charmante aiguillette que j’avais eu tant de plaisir à considérer, et qui tenait à la ceinture des enfans de mon âge : cependant sa grosseur, sa longueur, sa tête fière et rubiconde, le poil noir et touffu qui le couvrait et dérobait presque à la vue deux énormes pelotons, tout me faisait craindre de me tromper. En le voyant approcher du bosquet de Cythère, je voulais fuir ; mais les forces me manquèrent. Semblable aux béliers dont les anciens se servaient pour abattre les murailles, cet animal furieux et ter-