Aller au contenu

Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1830.djvu/62

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(50)


cette injustice, n’êtes-vous pas mille fois plus heureux qu’une pauvre fille qui par sept à huit décharges a fatigué ses dix doigts ? Croyez-vous que vos couvens seraient si riches, que les repas que vous donnez dans vos cellules seraient si délicatement servis, si au lieu de représenter toujours l’Éternel précédé par la vengeance, armé de foudres et de tonnerres, vous nous le montriez comme un père qui chérit également tous ses enfans, et qui ne les a mis au monde que pour les rendre également heureux ? Si vous étiez amis de l’humanité, vous entendrait-on si souvent vous époumonner pour nous prêcher une morale dure et rebutante, pour nous faire une description aussi fausse et dégoûtante du paradis et de l’enfer ? Auriez-vous enfin imaginé ce purgatoire, dont l’invention vous a procuré plus de richesses que le Pérou n’en pourra jamais produire ?