Aller au contenu

Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1830.djvu/68

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(56)


au bonheur de l’homme, je regardais l’action de nos parens, comme bien méchante et bien injuste ; à présent que j’y réfléchis encore, il me semble que nous devons nous en prendre à nous-mêmes, si nous ne sommes pas heureux sur la terre. Oui, l’homme même a forgé de ses propres mains son malheur et aiguisé les traits qui doivent lui percer le cœur. Ne serait-il pas à desirer qu’il n’eût suivi que l’instinct de la nature, plutôt que de s’être soumis à des lois et à des coutumes qui n’ont été inventées que pour le malheur de l’humanité.

Mais, me dira quelque jurisconsulte entiché de son art, ces mêmes lois et ces mêmes coutumes que vous condamnez, sont le lien de la société. Eh ! que m’importe la dissolution entière d’une société dont tous les membres sont malheureux, où chaque individu presqu’en naissant est obligé de faire le sacrifice