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Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1830.djvu/69

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de ses goûts, de ses désirs et de ses passions, pour ne point détruire un préjugé, plus cruel et plus barbare que les hommes auxquels il doit sa naissance ? Apportons-nous ce préjugé en venant au monde ? Non, la preuve que j’en puis donner, c’est que ma petite république prenait le plus grand plaisir aux jeux que j’avais imaginés avant qu’on ne lui en eût fait concevoir de l’horreur, et que dans la suite aucun enfant ne voulait plus venir avec moi.

Cependant Dieu a fait naître tous les hommes avec les mêmes inclinations et les mêmes désirs ; en voulant les corriger, nous les détruisons presqu’entièrement, et les remplaçons par des vices qui dégradent et déshonorent l’humanité. À qui donc enfin ce maudit préjugé doit-il sa naissance ? Au premier homme qui, pour être différent des autres, foula sous les pieds les lois sacrées de la nature. Ne