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Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1830.djvu/95

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répandre dans le sein de mon père, qui m’avait toujours beaucoup aimée.

Mais je quittai ma mère avec autant d’indifférence que si je ne l’avais jamais connue. J’étais depuis long-temps trop malheureuse avec elle pour être fâchée de notre séparation.

Le couvent où l’on me conduisit n’étant éloigné de notre village que de quatre lieues, nous y arrivâmes en très-peu de temps : nous nous rendîmes chez la supérieure à qui ma marraine me recommanda beaucoup, ainsi qu’aux autres mères de la maison. Madame d’Inville en me quittant m’embrassa tendrement et me glissa un louis dans la main qu’elle me dit d’employer à régaler les autres pensionnaires.

Me voilà donc dans un couvent, dans ce lieu dont je m’étais fait une idée bien au-dessus de ce que je fus à même d’en juger quand j’y fus entrée… au milieu