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Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1830.djvu/97

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semblaient préférables à l’indifférence que tout le monde témoignait à mon égard.

J’étais déjà décidée d’écrire à madame d’Inville, pour qu’elle eût la bonté de me retirer du couvent, lorsqu’une sœur novice me fit perdre en un instant cette résolution, (c’est de la sœur Monique dont je veux parler) : c’est elle qui m’enseigna les plaisirs réservés aux élus de Dieu. C’est aux nuits charmantes qu’elle me fit passer dans ses bras que je suis redevable du goût que je pris pour le couvent ; autant je désirais auparavant de revenir chez mes parens, autant j’aurais été fâchée qu’on me retirât.

Adam et Eve étaient moins heureux dans le paradis terrestre que je ne l’étais au couvent. Ils y avaient des désirs qu’il leur était dit-on défendu de satisfaire : quant à moi je n’en conservais aucuns, le bonheur de jouir des houris que Mahomet

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