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Page:Mérimée - Colomba et autres contes et nouvelles.djvu/426

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le plus beau de la Westphalie, parce qu’il avait une porte et des fenêtres. Mais qu’importe la décoration d’un théâtre, quand le spectacle est excellent ?

Le cirque de Madrid peut contenir environ sept mille spectateurs, qui entrent et sortent sans confusion par un grand nombre de portes. On s’assied sur des bancs de bois ou de pierre[1] ; quelques loges ont des chaises. Celle de Sa Majesté Catholique est la seule qui soit assez élégamment décorée.

L’arène est entourée d’une forte palissade, haute d’environ cinq pieds et demi. À deux pieds de terre règne tout autour, et des deux côtés de la palissade, une saillie en bois, une espèce de marchepied ou d’étrier, qui sert au toréador poursuivi à passer plus facilement par-dessus la barrière. Un corridor étroit la sépare des gradins des spectateurs, aussi élevés que la barrière, et garantis en outre par une double corde retenue par de forts piquets. C’est une précaution qui ne date que de quelques années. Un taureau avait non-seulement sauté la barrière, ce qui arrive fréquemment ; mais encore s’était élancé jusque sur les gradins, où il avait tué ou estropié nombre de curieux. La corde tendue est censée suffisante pour prévenir le retour d’un semblable accident.

Quatre portes débouchent dans l’arène. L’une communique à l’écurie des taureaux (toril) ; l’autre mène à la boucherie (matadero), où l’on écorche et dissèque les taureaux. Les deux autres servent aux acteurs humains de cette tragédie.

Un peu avant la course, les toréadors se réunissent dans une salle attenante au cirque. Tout auprès sont les écuries des chevaux. Plus loin on trouve une infirmerie. Un chirurgien et un prêtre se tiennent dans le voisinage, tout prêts à donner leurs soins aux blessés.

  1. Depuis quelques années tous les gradins sont en pierre. 1840.