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Page:Méry - Les Nuits d'Orient, contes nocturnes, 1854.djvu/123

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pas le Palais-Royal. La cour du Louvre est regardée comme un passage et une économie de temps pour aller de la rue du Coq-Saint-Honoré au faubourg Saint-Germain ; aussi plusieurs industriels ou propriétaires de la rue Croix-des-Petits-Champs sont morts, affirme-t-on, sans avoir vu la colonnade du Louvre et la façade de Saint-Germain-l’Auxerrois.

On ne sera donc point étonné si le nabab Edmond ne connaissait pas le musée maritime de Greenwich. Cette ignorance me rendit un grand service, car il me fut permis de voir, ce jour-là, bien des choses nouvelles pour moi, grâce au nom et au crédit de ce puissant nabab, soldat indien du colonel marquis de Wellesley, depuis duc de Wellington.

Le yacht du nabab est un fin voilier ; il a remporté le prix de la coupe de la reine, queen’s-cup à Plimouth, en 1838. De vrais matelots et un vrai post-captain font le service du bord, et sont payés sur le budget de la marine du nabab. Je trouve admirable cette idée des millionnaires anglais d’avoir à leurs gages un petit vaisseau monté par des marins sérieux ; il y a au fond de cette idée, en apparence futile, un but national. Le nombre de marins et d’officiers ainsi employés à cette bourgeoise marine de promenade est très-considérable ; survienne une guerre, et tous ces marins d’agrément passent tout de suite du service des millionnaires au service de Sa Majesté. Nous avons des tilburys, nous.

Nous arrivâmes à Greenwich en très-peu de temps, comme si la voile eût été la vapeur.

N’ayant jamais l’intention de décrire et de mesurer les monuments que cent voyageurs ont décrits et mesurés la toise à la main, je ne dirai rien ici des pierres sombres et des