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Page:Méry - Les Nuits d'Orient, contes nocturnes, 1854.djvu/154

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Le diamant, poursuivit le fakir, que l’empereur Baber prit à Agra, en 1526, pèse 224 rattees, ou 672 carats, le diamant d’Aureng-Zeb pèse 900 carats.

— C’est encore vrai, dit le prince ; et Beabib, combien pèse-t-il donc ?

— Ah ! voilà le prodige, reprit le fakir. Ce n’est pas le poids qui fait la valeur. Beabib ne pèse que 32 carats ; et je donnerais pour lui volontiers, tout pauvre que je suis, les diamants de Baber et d’Aureng-Zeb.

— Et où peut-on trouver ce diamant ?

— Chez le brahmane Kosrou, à Hyder-Abad, devant la pagode de Ten-Tauli.

Voilà un fakir très-connaisseur en diamants, se dit le prince ; sa parole doit être vraie, puisqu’il a juré par les dix incarnations. J’irai à Hyder-Abad.

Zeb-Sing dit au roi son père :

— Je suis jeune et je ne sais rien. Je veux voyager pour m’instruire. Je veux voir Ceylan, illustre par la bataille de Rama et de Ravana ; je veux voir Taranganbouri, la ville des ondes de la mer[1] ; Caveri et sa rivière bleue ; Elora et ses temples souterrains ; Hyder-Abad et ses mines de diamants. Je veux voir Malabar et Coromandel, rivages aimés des dieux. Mon père, ouvrez le trésor de vos largesses, et je pars.

Les rois barbares sont fort généreux.

Zeb-Sing puisa dans la vaste main de son père, et il partit, riche comme deux Nababs.

  1. Que les voyageurs barbares ont nommé Tranquebar.