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Page:Méry - Les Nuits d'Orient, contes nocturnes, 1854.djvu/163

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jeune. Les femmes ont des cheveux superbes comme la race bengalienne, et leurs traits ont la correction gracieuse des visages de nos plus belles statues de la déesse Lachmi.

» Au milieu du lac est une île très-vaste, pleine de huttes de joncs, toutes ombragées de beaux arbres. C’est la ville et le royaume des Makidas. De tous les côtés, ce peuple est défendu par la profondeur des eaux, contre les attaques des bêtes fauves et contre les éléphants des bois de Sisikarma. Chaque Makida est roi un jour de l’année et gouverne. Les vieillards conseillent le roi et ne gouvernent plus : on les vénère comme des dieux ; on leur donne les plus beaux produits de la chasse et de la pêche ; et le soir, on se range en cercle autour d’eux, et on écoute leurs sages leçons.

» Un brahmine que j’ai vu à Solo, et qui a beaucoup voyagé sur les terres lointaines, a visité la tribu des Makidas et m’en a parlé ainsi.

» Ce matin, j’ai assisté, sur la facette émeraude du diamant Beabib, à un mariage de Makidas.

» Il y avait une jeune fille, belle comme la déesse de la volupté que nous adorons sous le nom de Sursuti. Ses beaux cheveux… »

Mais toute description, quelque poétique qu’elle puisse être, ne serait jamais parvenue a la faire apparaître aux yeux du brahmane avec tous ses charmes. Zeb-Sing eut donc recours à son talent de dessinateur, et, arrivé à ce point de l’histoire qu’il racontait, il déroula une feuille de palmier desséchée, sur laquelle il avait tracé cette ravissante image.

Puis reprenant son récit :

« Vingt jeunes Makidas se tenaient debout aux deux côtés